Le frauduleux logiciel de Volkswagen passé à la loupe

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Le frauduleux logiciel de Volkswagen fourni était par l’équipementier Bosch

Aux États-Unis, près de 3 fois plus de NOX (14 200 tonnes) auraient été émis par les diesels de Volkswagen (VW)

Frauduleux logiciel de Volkswagen – Dans un courrier adressé à Volkswagen, l’agence de protection de l’environnement américaine (EPA) a détaillé le fonctionnement du logiciel – fourni par Bosch – utilisé par le constructeur allemand pour tromper les contrôles d’émissions de ses diesels Il se basait sur l’analyse poussée de l’environnement pour déceler le lancement d’une procédure de test.

Des pertes financières colossales au rappel de 11 millions de véhicules diesel en passant par la démission de son emblématique PDG, Martin Winterkon, le scandale Volkswagen ne cesse de défrayer la chronique. Tout le monde sait maintenant que le logiciel fourni par l’équipementier Bosch selon le Bild et utilisé par Volkswagen pour flouer les contrôles anti-pollutions de 11 millions de véhicules diesel était effectivement capable de détecter à tout moment le lancement d’une procédure de test.

Un « clean mode » était alors activé. Toutefois quelques détails ont filtré sur le fonctionnement de ce que les autorités américaines appellent maintenant le « defeat device », dans une lettre adressée le 18 septembre par l’EPA (Environement Protection Agency) au constructeur et rendue publique.

Le frauduleux logiciel de Volkswagen installé sur des modèles diesel de Volkswagen depuis 2009

D’après ce courrier, le logiciel était installé sur plusieurs modèles diesel de Volkswagen depuis 2009 et sur les Audi A3 depuis 2010 (2.0 et 1.6 TDI). Pour détecter à quel moment la voiture passait un test d’émission, le système se basait sur la position des roues, la vitesse du véhicule, les régimes moteur et la pression barométrique. Il comparait ces données à des mesures spécifiques, propres aux tests d’émissions et connues de tous. Si les informations corroboraient, le module de contrôle électronique du véhicule (ECM) basculait sur un mode « clean », pour flouer les tests des agences environnementales.

Le frauduleux logiciel de Volkswagen est comparable « à la vaine magouille d’un nigaud voulant passer des tests d’embauche »

« Ce mode entrainait la mise en route d’une option de calibrage particulière qui perturbait les systèmes de contrôle des émissions et notamment ceux dédiés à la capture de l’oxyde d’azote (NOX) », précise l’EPA.

Pour Kirk Wennerstorm, directeur marketing du Greenwitch Concours d’Elegance, un rassemblement de voitures de collection, le logiciel de Volkswagen est comparable : « à la vaine magouille d’un nigaud voulant passer des tests d’embauche ».

Passionné de véhicules et de technologies, il rappelle que les tests de l’EPA sont très stricts et couvrent une large gamme de vitesses, de véhicules et de situations. « La marge de manœuvre est très réduite », estime Kirk Wennerston. De plus, les tests sont devenus plus stricts pour ce qui concernait les émissions d’oxyde d’azote, ces dernières années, un gaz produit par les moteurs à injection directe.

Afin de coller aux normes, les fabricants de moteurs diesel injectent directement dans le système d’échappement un fluide spécial baptisé AdBlue. Il permet de catalyser les gaz nocifs. L’installation du dispositif entraine toutefois une augmentation du poids et du prix de la voiture, d’autant plus que l’AdBlue doit être fréquemment renouvelé. « Volkswagen avait déclaré il y a quelques années avoir trouvé le moyen de rester dans les normes sans utiliser le AdBlue », rappelle Kirk Wennerston. Tout le monde avait alors essayé de comprendre comment le constructeur s’y était pris. Certains concurrents seraient même aller jusqu’à démonter des modèles Volkswagen pour faire du reverse enginering.

Il est peu probable que personne n’ait rien vu

« Il est étrange que tout le monde soit passé à côté de l’astuce. Et quand bien même des concurrents l’auraient décelée, pourquoi n’ont-ils rien dit ? Avaient-ils eux-mêmes leurs propres magouilles ? », s’interroge Kirk Wennerston.

Suite au scandale Volkswagen, le titre boursier de BMW a d’ailleurs plongé après que le magazine allemand Auto Bild ait rapporté que certains véhicules du constructeur dépassaient largement les normes européennes. Le constructeur allemand a reconnu les faits mais assuré qu’il n’avait jamais tenté de falsifier ses tests. Le scandale sur les émissions de gaz nocifs a ouvert la voie à de nombreuses poursuites judiciaires. Elles se basent sur l’impact que pourrait avoir eu cette pollution supplémentaire sur la santé publique.

Vox.com considère que les estimations des volumes de NOX émis dans l’atmosphère tous les ans par les véhicules Volkswagen aux États-Unis devraient être relevées de 5 800 à 14 200 tonnes, suite à la fraude. Ainsi, le site estime que le nombre de décès prématurés lié à cette pollution devrait être réévalué de 5 à 27 par ans.

Oscar Barthe avec IDG News Service