Microsoft teste un Data Center sous l’océan, afin d’éviter à recourir à de coûteux systèmes de climatisation

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Testé cet automne par Microsoft au large des côtes californiennes, le dispositif pourrait permettre de refroidir les serveurs du Data Center

Microsoft avait largué, au mois d’août dernier, dans le plus grand secret, un container de couleur blanche pesant 17 tonnes au large des côtes californiennes, près de la ville de San Luis Obispo. Baptisé Leona Philphot, un clin d’œil geek à un personnage du jeu vidéo Halo, le cylindre contenait un data center d’une puissance équivalente à 300 ordinateurs de bureau. L’essai, qui a duré 3 mois, a été dévoilé lundi par la firme de Seattle.

Microsoft, qui opère une centaine de data centers dans le monde, cherche à réduire leurs coûts de construction et d’entretien. Depuis l’ouverture de son premier centre de données en 1989, le groupe a investi plus de 15 milliards de dollars dans ce type d’infrastructures.
Ce chiffre ne cesse d’augmenter, avec la croissance de ses activités de cloud, qui prennent le pas sur la vente de logiciels. Plonger les data centers sous l’eau pourrait permettre de réduire la facture. Sur terre, ils doivent être maintenus à une température d’environ 20°, afin d’éviter les pannes dues aux surchauffes.

Les data centers n’ont plus besoin d’être refroidis

Cela nécessite des systèmes de climatisation consommant des quantités d’eau importantes. Un data center de taille moyenne (15 mégawatt) a besoin de 300 à 500 millions de litres d’eau par an, soit l’équivalent de la consommation de 3 hôpitaux. Sous l’eau, les data centers n’ont plus besoin d’être refroidis.

Microsoft n’est pas le premier à tenter d’utiliser l’eau pour remédier à ce problème. Google opère un data center à Hamina, qui puise dans l’eau salée du golfe de Finlande , tandis que Schneider Electric utilise celle d’un fjord en Norvèg e. Mais c’est la première fois qu’un data center fonctionne en étant immergé sous l’océan.

Les mouvements de la mer pourraient aussi permettre d’alimenter en électricité le data center, le rendant ainsi autonome en énergie. En déployant ses centres près des côtes, Microsoft les rapprocherait également des agglomérations, rendant la navigation sur le Web plus rapide pour les habitants.

Un dispositif qui pourrait être très compétitif

« La moitié de la population mondiale vit à moins de 200 kilomètres de la mer », rappelle le fabricant du système d’exploitation Windows. Actuellement, les data centers sont majoritairement installés dans des zones isolées, ce qui provoque des problèmes de latence pour les internautes éloignés géographiquement de l’infrastructure.

Le projet est parti d’un livre blanc, publié il y a trois ans par des chercheurs de Microsoft, dont un ancien militaire ayant servi dans un sous-marin. Il est encore à l’état de prototype, mais le groupe informatique prévoit un nouvel essai, avec une capsule trois fois plus grande, l’année prochaine en Floride ou au nord de l’Europe, selon le New York Times . Il estime que le dispositif pourrait être très compétitif, car déployable beaucoup plus rapidement qu’un data center terrestre : 90 jours, contre 2 ans environ. Reste un défi à relever, et non des moindres.

Les data centers actuels, sur la terre ferme, sont régulièrement visités par des ingénieurs pour effectuer les opérations de maintenance des serveurs. Les centres de stockage sous-marins imaginés par Microsoft, au contraire, devront faire sans contrôles de routine pendant une période allant jusqu’à cinq ans, « la durée de vie anticipée des ordinateurs contenus à l’intérieur », explique la multinationale.